Mes derniers coups de cœur lecture #22

Les sœurs Grémillet, tome 1 : Le rêve de Sarah, de Di Gregorio et Barbucci, éd. Dupuis, 2021 – BD

Sarah, pré-adolescente, fait régulièrement ce même rêve, où elle s’approche d’un palais en verre, une sorte de serre immense, perchée dans un arbre géant… Là, sur un lit, se trouve une petite méduse et… Sarah se réveille ! Elle aimerait bien savoir pourquoi elle fait si souvent ce rêve mais, quand elle tente d’en parler avec sa mère, celle-ci devient fuyante et coupe court à toute discussion. Avec ses deux sœurs, elle reforme « le club des trois frangines » et elles mènent l’enquête auprès de leurs proches et dans le grenier à la recherche du moindre indice qui pourrait expliquer le comportement maternel et ce rêve récurrent. Leur recherche va les mener jusqu’à la bibliothèque et au jardin botanique…

Je suis d’abord tombée sous le charme des dessins, à l’esprit un peu manga avec les grands yeux des personnages, et des couleurs douces de cet album. L’intrigue m’a ensuite plu même si cela reste une histoire à destination du jeune public, avec un dénouement en un seul album. C’était tout de même un bon moment de lecture que je recommande pour l’enquête qui plaira au jeune public et pour les dessins et les petits conflits entre sœurs qui parleront aux plus grands.

Alice Guy, de Catel et Bocquet, éd. Casterman, 2021 – Roman graphique

En 1895, à Lyon, les frères Lumière inventent le cinématographe. Moins d’un an plus tard, à Paris, Alice Guy, 23 ans, réalise La Fée aux choux pour Léon Gaumont. Première réalisatrice de l’histoire du cinéma, elle dirigera plus de 300 films en France. En 1907, elle part conquérir l’Amérique, laissant les Films Gaumont aux mains de son assistant Louis Feuillade. Première femme à créer sa propre maison de production, elle construit un studio dans le New Jersey et fait fortune. Mais un mariage malheureux lui fait tout perdre. Femme libre et indépendante, témoin de la naissance du monde moderne, elle aura côtoyé les pionniers de l’époque : Gustave Eiffel, Louis et Auguste Lumière, ou encore Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton. Elle meurt en 1969, avec la légion d’honneur, mais sans avoir revu aucun de ses films – perdus et oubliés… (résumé de l’éditeur)

J’ai beaucoup aimé ce nouveau roman graphique de Catel et Bocquet, je dois avouer que je ne connaissais absolument la vie d’Alice Guy. Encore une femme au destin incroyable, qui a su user de ses compétences pour se faire une place dans un univers en pleine éclosion (le cinéma) et réservé aux hommes. C’est une belle leçon d’histoire sur la naissance du cinéma et ses grandes figures, avec les ingrédients qui ont fait le succès des autres romans graphiques du duo Catel et Bocquet : les dessins en noir et blanc, le scénario limpide et très documenté… Une belle découverte !

Le livre des Baltimore, de Joël Dicker, éd. De Fallois, 2015 – Roman

Jusqu’au jour du drame, il y avait deux familles Goldman. Les Goldman-de-Baltimore et les Goldman-de-Montclair. Les Goldman-de-Montclair, dont est issu Marcus Goldman, l’auteur de La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, sont une famille de la classe moyenne, habitant une petite maison à Montclair, dans le New Jersey. Les Goldman-de-Baltimore sont une famille prospère à qui tout sourit, vivant dans une luxueuse maison d’une banlieue riche de Baltimore, à qui Marcus vouait une admiration sans bornes. Huit ans après le drame, c’est l’histoire de sa famille que Marcus Goldman décide cette fois de raconter, lorsqu’en février 2012, il quitte l’hiver new-yorkais pour la chaleur tropicale de Boca Raton, en Floride, où il vient s’atteler à son prochain roman. Au gré des souvenirs de sa jeunesse, Marcus revient sur la vie et le destin des Goldman-de-Baltimore et la fascination qu’il éprouva jadis pour cette famille de l’Amérique huppée, entre les vacances à Miami, la maison de vacances dans les Hamptons et les frasques dans les écoles privées. Mais les années passent jusqu’au jour où tout bascule. Et cette question qui hante Marcus depuis : Qu’est-il vraiment arrivé aux Goldman-de-Baltimore ? (résumé de l’éditeur)

Je ne connaissais de Joël Dicker que son nom,je n’ai même pas lu son premier roman à succès… Mais quelle claque quand j’ai lu celui-ci ! Malgré une intrigue non linéaire, avec des chapitres datés pour mieux s’y retrouver, on est happé par l’histoire de Marcus : le récit de son enfance, quand il était considéré comme un Goldman de seconde zone par sa famille et notamment ses grands-parents, ses vacances chez sa tante Anita et son oncle Saul, célèbre avocat qu’il idolâtrait, durant lesquelles il avait enfin l’impression d’être quelqu’un, de faire partie de ces privilégiés. Et puis le temps a passé, Marcus a fait ses études tandis que ses cousins se sont destinés à d’autres carrières, et petit à petit l’image dorée des Goldman de Baltimore s’est craquelée, il y a eu des secrets, des jalousies… jusqu’au drame (et pendant une bonne partie du livre, on soupçonne ce que peut être ce drame, mais on ne le sait réellement qu’à la fin). L’intrigue est incroyablement bien ficelée, le suspense complet, le lecteur fait des suppositions, des rebondissements inattendus lui prouvent qu’il a fait fausse route… La leçon finale est belle. Une merveille !

Les strates, de Pénélope Bagieu, éd.  Gallimard, 2021 – BD

Après avoir raconté des femmes remarquables dans les deux tomes des Culottées, Pénélope Bagieu nous en apprend enfin davantage sur elle-même, sur son enfance et son adolescence, et sur des épisodes qui ont participé à la construction de son identité. On peut toutes un peu se reconnaître dans ses anecdotes : son petit chat Fumée, être amoureuse, la contraception, le consentement…

Les histoires en noir en blanc sont parfois drôles, parfois touchantes, parfois désarmantes. Mais sincères. Une lecture que  j’ai appréciée, dans l’esprit des autres livres de Pénélope Bagieu, que je recommande aux fans de son travail.

Dans la secte, de Patrice Guillon et Louis Alloing, éd. La Boîte à Bulles, 2006 – BD documentaire

Dans la nuit, une jeune fille court pour attraper son train. Elle désire partir au plus vite. Mettre des kilomètres entre elle et cet endroit où elle vient de passer plusieurs mois. Dans la tranquillité du train qui file vers Paris, Marion se souvient de l’itinéraire qui l’a amenée jusqu’ici : publicitaire aux soirées aussi remplies que les jours, en rupture amoureuse et familiale, elle suit les conseils d’un ami qui lui propose de venir se ressourcer, s’épanouir grâce à des techniques scientifiques parfaitement éprouvées. Marion met, avec espoir, le doigt dans un engrenage dont il lui faudra des années pour s’extirper entièrement, elle tombe dans une secte. (résumé de l’éditeur)

J’ai trouvé le dessin sympathique sans pour autant avoir de coup de cœur. J’ai surtout aimé l’excellente construction de l’intrigue qui permet une parfaite compréhension de la descente aux enfers et de l’embrigadement de Marion. Sa situation personnelle et familiale, ses rencontres et ses espoirs la mènent à faire des choix dangereux aux apparences bien trompeuses. J’ai beaucoup aimé lire ce court album et le conseille volontiers pour sensibiliser au danger des sectes.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, de Harper Lee, éd. Le livre de poche, 2006 – Roman

Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche.
Nous nous sommes lancés dans cette lecture en duo avec mon amoureux, moi parce que j’avais entendu parler de cette œuvre lors de l’oral du bac en juin dernier, et lui parce qu’elle a été présentée à la radio par Juliette Arnaud (chronique à retrouver sur Youtube). Nous avons été épatés par ce livre, qui date pourtant du début des années 1960 et dont l’intrigue se situe dans les années 1930, car il a une forte résonance aujourd’hui, à l’époque du mouvement « Black Lives Matter ». L’histoire est racontée par Scout, une fillette de 8 ans, qui observe et retranscrit son quotidien et les événements avec un regard naïf. Le récit est bien mené et chaque fin de chapitre correspond à un rebondissement, on a donc toujours envie de poursuivre la lecture. Mais surtout, cette lecture nous fait nous poser des questions : qu’en est-il de l’égalité noir/blanc aujourd’hui ? Est-on libre de faire et de fréquenter qui on veut ? La naïveté et l’innocence des enfants sont-elles encore préservées (elles peuvent être salvatrices) ? Ce roman, le seul écrit par l’autrice Harper Lee, a été récompensé par le prix Pulitzer en 1961 et on comprend pourquoi.

(Ir)régulièrement, je vous propose mes coups de cœur ! Ils ne sont pas représentatifs de tout ce qui passe entre mes mains car je ne sélectionne que le meilleur ! A très vite pour de nouvelles découvertes !

2 commentaires sur « Mes derniers coups de cœur lecture #22 »

    1. J’ai commandé la suite des Soeurs Grémillet, j’attends (im)patiemment 🙂 « Dans la secte » était une découverte complète, de moi-même je n’aurai pas lu ce livre je pense, et pourtant il est vraiment très bien fait !

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